META
INDUSTRIELLE
L’homme et la machine
Dès l’antiquité les hommes ont rivalisé d’ingéniosité pour mettre au point des mécanismes complexes. De l’exploitation de la puissance musculaire animale à la canalisation des forces de la nature, de l’invention de la roue au central hydraulique. L’époque moderne a fait de l’innovation son modèle de développement.
Dans cette perspective, la science et l’industrie se sont associé pour développer de nouveau mode de production qui comptait bien participer à la vague des révolutions qui secouait l’Europe.
La « révolution industrielle » est le processus historique du XIXe siècle qui a fait basculer — de manière plus ou moins rapide selon les pays et les régions — une société à dominante agraire et artisanale vers une société commerciale et industrielle. Cette transformation, tirée par le boom ferroviaire des années 1840, affecta profondément l'agriculture, l'économie, le droit, la politique, la société et l'environnement.
Les premiers espaces à s'être industrialisés sont la Grande-Bretagne à la fin du XVIIIe siècle, puis la Belgique, le nord de la France et la Suisse au début du XIXe siècle : ce sont les pays de la première vague. L'Allemagne et les États-Unis s'industrialisent à partir du milieu du XIXe, le Japon à partir de 1868 puis la Russie à la fin du XIXe : ils forment les pays de la deuxième vague.
L’industrie connut un triomphe dans les années 1960 avant de connaitre une crise sans précédent dans les années 70, en grande partie dû aux deux chocs pétroliers qui eurent lieu entre 1974 et 1980.
Bien que le travail constitue le propre de l'homme, qu'il soit l'expérience culturelle majeure de nos sociétés développées, le lieu de socialisation et le principal structurant de nos vies, sa représentation et son image dans la création artistique furent longtemps différées, puis trop souvent dévalorisées. Le monde du travail dû en effet attendre longtemps pour accéder au statut de sujet légitime et pour se voir représenter en tant que tel, c'est-à-dire autrement qu'en référence biblique et mythologique.
Le travail en usine vers la fin du XIXe siècle représenté par Menzel (1872 - 1875).
Il fallut les premières révolutions industrielles du 19ème siècle, anglaise puis française, pour que cette nouvelle réalité obtienne enfin sa reconnaissance sociale et économique et sa légitimité artistique. Les premières manufactures apparaissent timidement dans la peinture de paysage, d'abord comme toile de fond, comme décor au milieu d'une nature toujours aussi présente.
Fabrique à Argenteuil. de Gustave Caillbotte (1848 - 1894).
L’époque moderne était née et les avant-gardes comme ils se nommaient alors, allaient rapidement s’emparer de ce nouveau monde pour en faire le sujet d’une nouvelle forme de représentation artistique.
Composition avec turbine - 1929 de Carl Grossberg (1894 – 1940), peintre allemand associé au mouvement de la Nouvelle Objectivité. Il se fit connaître pour ses peintures de paysages urbains et pour ses représentations d'usines et de sites industriels, qu'il décrit avec une froide précision de l'intérieur autant que de l'extérieur.
La photographie naquit parmi les innombrables inventions techniques qui ponctuaient cette époque dit « moderne ». Cette nouvelle technique de représentation du réel fit basculer toutes l’histoire de la peinture vers des formes de représentation de plus en plus abstraite. Débarrassé de la contrainte de la représentation réaliste du réel par la photographie, le monde de la peinture s’aventura vers des univers de formes et de couleur toujours plus audacieuse.
Raffinerie de pétrole de la Standard Oil à Cleveland, Ohio,1899.
En Russie, le suprématisme, avant-garde russe menée par Malevitch, fit basculer la peinture vers l’abstraction absolue. Les oeuvres étaient libérées de toute représentation, devenant totalement autonomes et indépendantes par rapport au monde extérieur. Les formes et les couleurs étaient individualisées et existaient par elles-mêmes. Une recherche d’équilibre entre les formes géométriques et les couleurs pures.
Supremus -1916 de Kazimir Malevitch.
En Europe le cubisme chez Picasso et Braque ou l’école du Bauhaus, qui englobait l’architecture, le design et l’art en général, mené par des professeurs tel que Paul Klee ou Vassily Kandinsky construisait les nouvelles formes à venir.
Composition n°10 - 1939 de Vassily Kandinsky.
La révolution industrielle a transformé la science et les techniques en une véritable croyance contemporaine. La raison, si chère au principe des Lumières, fût abandonnée au culte de l'innovation. Aveuglées par cette notion de progrès, nos sociétés se sont assujettie à ce système d’exploitation systématique des ressources et des biens naturels et culturels, jusqu’à la transformation de l'environnement et de l’humaine en marchandise, indice marquant le déclin d’une civilisation meta industrielle voué à disparaître.
Le travail, l'art et l'esthétique, de Jo Gundry s’inspire et s’inscrit dans la continuité de ces divers mouvements artistique qui ont jalonné cette période industrielle. Tantôt fasciné ou effrayé par ce monde dominer par les machines, son art n’a pas fini d’interroger les rouages complexes de nos exploitations.